Des machines à Matam, dans la cour de l’entreprise étatique AGRIMA.
Depuis les années 1970 jusqu’à nos jours, plusieurs initiatives ont été prises pour mécaniser l’agriculture en Guinée. En 1972 par exemple, la Guinée a construit une usine de production d’outillages agricoles. Plus tard, en 1974, un centre d’expérimentation et de Perfectionnement au machinisme agricole (CEPERMAG) a été créé pour la formation des conducteurs et mécaniciens de machinisme agricole ainsi que l’expérimentation des différents types de machines agricoles. Pour renforcer ces acquis, en 1986, il y a eu la création de la Division Machinisme Agricole au Ministère de l’Agriculture. Et le dernier fait marquant du processus de mécanisation de l’agriculture, c’est la mise en place en 2003, des huit Centres d’Intensification de Machinisme Agricole à titre expérimental (CIMA).
Malheureusement, toutes ces stratégies n’ont pas été très efficaces pour permettre aux agriculteurs guinéens de moderniser l’agriculture et de leur faciliter le travail pour améliorer d’avantage leurs rendements. Les raisons évoquées par des spécialistes sont multiples et variées. Entre autres, certains estiment que pour le développement d’un système de financement pour l’acquisition d’équipements en Guinée, il y’a une forte présence de l’Etat. Ce qui n’a pas permis de développer un mécanisme de financement adéquat pour l’acquisition des équipements et des machines agricoles.
En effet, les équipements et les machines agricoles mis à disposition depuis 1960 jusqu’à nos jours ont été donnés gratuitement ou très fortement subventionnés. Ce qui n’a pas permis aux institutions financières de mettre en place un mécanisme de financement adapté.
Du coup, à ce jour, le parc de tracteurs et de matériels agricoles est fortement dégradé. Selon le diagnostic réalisé par la Direction Nationale de l’Agriculture en 2016, les principales raisons du mauvais état technique du parc de tracteurs et de matériels agricoles sont les suivantes :
- Prééminence du choix politique par rapport au choix technique dans l’acquisition des machines et équipements agricoles ;
- Le manque d’un réseau de service après-vente efficace, efficient et de proximité ;
- L’insuffisance de formation à l’utilisation et à la maintenance des tracteurs et matériels agricoles ;
- L’usure prématurée des équipements et machines agricoles due à leur mauvaise utilisation et leur inadaptabilité aux conditions edapho-climatiques ;
- Un parc de tracteurs et de matériels agricoles longtemps amorti.
La Guinée à l’image d’autres pays en voie de développement, importe, par le biais d’une multitude de sociétés, des tracteurs et autres machines et matériels agricoles. Ainsi, depuis son désengagement des activités de production et de commercialisation, plusieurs sociétés privées ont vu le jour et se sont lancées dans l’importation et la commercialisation des machines et matériels agricoles. Mais selon toujours le constat de la Direction Nationale de l’Agriculture, la situation n’a pas encore évoluée car aucune entreprise privée n’a pu satisfaire ce besoin crucial. Et pour cause, ces entreprises se heurtent à des difficultés majeures qui sont entre autres :
- Les difficultés d’acquisition de pièces de rechange, de maintenance, d’entretien et de réparation des matériels importés ;
- Les impositions fiscales et douanières etc……
- Les réparateurs de tracteurs et de matériels agricoles sont particulièrement dans les zones de concentration de tracteurs et la majeure partie de ces mécaniciens ont été formés par ou ayant travaillé pour la société étatique.
Malgré ce niveau d’équipement faible et un manque notoire de pièces de rechange, un nombre important de mécaniciens continuent à travailler dans leurs ateliers. Tel est le cas des anciens ateliers d’AGRIMA au niveau des Centres de Prestation Agricole (CPA) de certaines préfectures.
En résumé, il apparait que, l’ensemble des travaux de réparation et de maintenance sont réalisés par les artisans privés et qui sont en manque d’équipements et d’outillage à main pour assurer une bonne maintenance et de réparation du parc de matériels agricoles du pays.
Il est à noter également qu’une diminution de la clientèle a fait que la majeure partie de ces mécaniciens se sont orientés vers d’autres activités.
La Guinée a donc besoin, pour la mécanisation de son agriculture, d’une expertise et d’un appui technique sur toute la chaine de valeur pour avoir des machines de qualité, des ateliers de maintenance performants, des agents bien formés et équipés dans toutes les huit (8) régions administratives du pays afin d’être plus proche des agriculteurs.