En Guinée, l’éleveur ne profite pas économiquement de son troupeau.

En Guinée, l’élevage notamment des caprins et des bovins peinent à se développer. Plusieurs facteurs sont indexés comme étant la base de la faiblesse de la production. Il s’agit par exemple de la qualité des races, de la méconnaissance des produits de l’élevage, du manque de professionnalisme des éleveurs.

Pour les bovins, la race Ndama ne donne pas assez de viande et de lait. Même si elle est très résistante à la trypanosomiase, aux différentes conditions climatiques, d’alimentation, etc.

L’une des solutions selon certains professionnels, c’est la pratique du métissage à travers l’introduction de nouvelles races. C’est l’avis de El Hadj Mamadou Saidou Diallo, ingénieur agronome à la retraite, ancien membre du Cabinet du Ministère de l’Agriculture, Président de l’Association de Formation et d’Aide au Développement Durable (AFADD). Selon ce que nous voulons : beaucoup de viande ou beaucoup de lait, il faut introduire de nouvelles races : « les races laitières ou les races à viande, qu’on importe, qu’on multiplie, qu’on croise avec les races locales parce que celles qui viennent sont fragiles à la trypanosomiase, parce que je crois que jusqu’à présent, il y a encore les mouches tsé-tsé. »

El Hadj Mamadou Saidou Diallo rappelle que le Sénégal produit beaucoup de lait parce qu’ils ont amélioré le système en introduisant de nouvelles races qu’ils ont croisé.

Il cite des exemples : « Il y a des pays qui ont commandé des animaux chez nous en Guinée, le Ghana, le Nigeria. Sékou Touré leur a envoyé beaucoup d’animaux dans le temps. Aujourd’hui, ils sont meilleurs que nous. Parce qu’eux, ils ont suivi, ils ont investi, ils ont accompagné. Ici, l’élevage n’est pas une affaire économique. Il faut que les paysans apprennent que le bœuf, c’est une machine à transformer l’herbe en viande et en lait. Et puisque c’est comme ça, il faut lui donner suffisamment d’herbes pour obtenir suffisamment de lait et de viande. Et puis, après le lait, l’animal à un certain âge, doit être vendu pour la boucherie et remplacé par un autre pour le nombre. »

El Hadj Mamadou Saidou Diallo a aussi constaté avec regret que l’éleveur ne jouit pas économiquement de son troupeau. Il se rappelle de cette situation avec un grand éleveur : « Il habitait dans une paillotte. Un jour la pluie m’a trouvé chez lui , je lui ai dit mais toi tu es condamné à l’enfer ! Il m’a demandé pourquoi ? Je lui ai dit : parce que quand tu vas mourir, ta femme ne pourra pas trouver quelqu’un pour couvrir ta case. L’année suivante, il a construit une grande maison. Ça ne lui coutait presque rien. L’éleveur ne jouit pas économiquement de son troupeau. Il ne le vend que lorsqu’il y a un besoin. Or l’animal, c’est quand il atteint un certain âge avec un maximum de rentabilité, c’est là qu’il faut le vendre, sinon tu perds. »

Par ailleurs, El Hadj Mamadou Saidou Diallo qui a servi plus de 30 ans au ministère de l’Agriculture estime que : « l’élevage doit être accompagné au même titre que l’agriculture, c’est d’ailleurs pour ça que c’est le même et seul département. Au Fouta par exemple, il n’y a pas un agriculteur qui ne fait pas l’élevage. Chacun a un petit troupeau à côté de lui. On veut développer l’élevage, il faut utiliser les bonnes politiques de métissage, d’alimentation, d’hygiène et de soins, ça viendra tout seul. Il y en a qui déversent l’excès de production, nous on importe n’importe quel lait pour manger. Et le potentiel pour l’élevage en Guinée est énorme, il n’y a pas de raison qu’on n’y réussisse pas, » a-t-il conclut.

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